Chez Tween, il faut compter trois heures de temps pour paramétrer le fauteuil qu'on a l'intention de commander. Spécialisée dans le « fauteuil roulant actif et sportif », l'entreprise de Cinq-Mars-la-Pile fait dans le sur-mesure : « Les réglages sont réalisés au demi-centimètre près. On prend en compte la nature du handicap de nos clients, évidemment, mais aussi leur environnement (maison, caractéristiques de leur voiture) ainsi que leur mode de vie. En tout, une trentaine de paramètres sont analysés ».
Fabriqués en Espagne assemblés en Touraine Initialement basée à Parçay-Meslay puis à Fondettes, Tween s'est installé sur la zone d'activité Activaloire fin août 2014. « Cela nous a permis de disposer de 1.048 m2 au lieu de 550 m2 précédemment ; un espace dédié à l'assemblage et au stockage mais aussi aux clients via un showroom conçu en fonction de leurs spécificités », indique Aïcha Labonnote.
Avec Michaël, son mari, elle a racheté, en 2008, l'une des branches de Poidevin Diffusion, une société importatrice de fauteuils roulants manuels américains et allemands. « Dans le cadre de nos études, on avait planché, au sein de cette entreprise, sur une gamme de produits susceptibles de combler une carence du marché : les fauteuils dédiés à l'initiation sportive ou à l'activité de loisirs puisque, hormis les fauteuils de ville, n'existaient jusqu'alors que des fauteuils conçus pour la compétition. Et puis, on est resté », explique-t-elle.
Récemment encore, Tween fabriquait ses châssis « et puis on a décidé de passer de l'acier à l'aluminium afin de réduire d'1,5 kg le poids de nos fauteuils. Cela nous a conduits à sous-traiter la fabrication auprès d'Oracing, une société espagnole spécialisée dans le très haut de gamme. Fabriquer sur place aurait induit une dépense supplémentaire de l'ordre de 100.000 euros ».
En six ans, le chiffre d'affaires est passé de 128.000 € à 1,4 M d'euros. La preuve qu'il existe bien un marché : « Nous vendons directement aux particuliers ainsi qu'aux clubs sportifs. Nous nous adressons à des personnes paraplégiques ou tétraplégiques qui travaillent, qui conduisent, qui sont autonomes. » Les produits sont vendus moins de 2.000 € soit près d'un tiers de moins qu'un fauteuil de compétition. Et c'est tant mieux dans la mesure où la Sécurité sociale ne rembourse que 558,99 € par fauteuil ; les mutuelles abondant à hauteur de 100 ou 200 % : « On se trouve, par ailleurs, confronté à un vrai problème : de plus en plus de clubs sportifs souhaitent ouvrir des sections handisports mais temporisent parce que les subventions sont à la baisse. »
Et, pourtant, la demande existe. Aïcha Labonnote en veut pour preuve le délai d'attente avant la passation d'une commande : « Nos clients acceptent de patienter trois mois avant la séance de prises de mesures, c'est un signe qui ne trompe pas. » En savoir plus Il a fallu cinq mois pour construire, sur la zone artisanale Activaloire (située à 20 km de Tours et à proximité de l'A 85), un bâtiment de près de 1.100 m2 entièrement aménagé pour accueillir des personnes en situation de handicap. Les portes du showroom sont automatiques, il n'y a pas de seuils à franchir, le sol est goudronné, les sanitaires accessibles. Les portes des bureaux sont également aux normes en vigueur « dans l'hypothèse où des salariés handicapés travailleraient chez nous. »
En 2008, l'entreprise a fabriqué vingt fauteuils, en 2013, trois cents. Tween est partenaire de la Fédération française handisport escrime. C'est elle qui, lors des JO de Londres, en 2012, a équipé tous les escrimeurs de l'équipe de France. Elle envisage aujourd'hui de développer un partenariat avec le rugby fauteuil et le handball. Elle souhaite aussi développer le e-commerce et travaille sur une nouvelle gamme de produits.
Philippe Samzun - Correspondant NR
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